Présentation
Les maladies à transmission vectorielle figurent parmi les principales causes de morbidité et de mortalité chez l’homme et les animaux. Parmi elles, plus d’une centaine sont transmises par des moustiques, telles que la dengue, qui affecte plus de 100 millions de personnes chaque année, ou encore le chikungunya, le zika ou la fièvre jaune. Ce sont des arbovirus, des virus transmis entre vertébrés par l’intermédiaire de la piqure d’un vecteur hématophage. Les principaux arbovirus (environ 500) sont des virus à ARN de la famille des Togaviridae, Flaviviridae ou Bunyaviridae. Les arbovirus circulent originellement au sein d’un cycle selvatique où le virus est transmis entre les primates non-humains par des moustiques zoophiles. L’homme se contamine accidentellement lors de ses intrusions répétées en zones forestières le mettant en contact avec les vecteurs zoophiles ou par la piqure d’un moustique anthropo-zoophile assurant le transfert du virus de l’animal à l’homme. L’épidémie survient alors lorsque le virus est introduit dans un environnement permissif où cohabitent des vecteurs anthropophiles compétents et une population humaine réceptive.
Le moustique s’infecte lors de la prise d’un repas de sang sur un hôte vertébré en phase de virémie. La population virale présente dans le bol alimentaire effectue un trajet de l’estomac vers les glandes salivaires en franchissant avec succès les différentes barrières anatomiques du moustique. Une fois dans la salive, le virus est transmis à l’hôte par piqure. A la différence du vertébré qui guérit de l’infection virale en développant une immunité adaptative, les insectes vecteurs restent infectés toute leur vie. Le vecteur peut être vu comme un lieu où se constituerait une vaste collection de variants viraux à partir de laquelle émergeraient les génotypes responsables des épizooties/épidémies. Les changements environnementaux et/ou climatiques en affectant l’organisation des populations de moustiques offrent les conditions propices à l’émergence des maladies à transmission vectorielle.
Dans ce contexte, notre unité AIV collabore de façon privilégiée avec les instituts Pasteur du Réseau International qui compte aujourd’hui 32 instituts répartis sur les 5 continents. Nos travaux visent à comprendre les facteurs conduisant à l’émergence des arbovirus en nous focalisant sur les interactions entre l’arbovirus, le moustique vecteur et l’environnement. Nos modèles sont les vecteurs des chikungunya, dengue, fièvre de la Vallée du Riift, fièvre jaune, West-Nile et Zika. Nous disposons des infrastructures pour élever des moustiques (Aedes aegypti, Aedes albopictus, Aedes polynesiensis, Culex pipiens pipiens, Culex pipiens molestus, Culex quinquefasciatus, Aedes vexans), des équipements pour réaliser des infections expérimentales en P3 et des essais de transmission du moustique infecté à l’animal en A3.