Présentation
Bien que des projets soient en cours, aucun vaccin efficace et sûr contre la peste n’est actuellement disponible. Durant la dernière décennie, nous avons développé un nouveau vaccin contre la peste. Le projet a été financé par le Ministère de la Recherche, l’Institut Pasteur, le programme NRBC via le CEA, l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et la DGA. Notre vaccin oral vivant atténué est construit à partir de Y. pseudotuberculosis, l’ancêtre de Y. pestis auquel il est génétiquement presque identique, bien que beaucoup moins virulent et génétiquement plus stable. Nous avons d’abord démontré qu’un Y. pseudotuberculosis pouvait être utilisé au moyen d’une souche naturellement avirulente de notre collection, mais avons ensuite construit une souche génétiquement définie en modifiant un Y. pseudotuberculosis dont le génome était entièrement séquencé. Ce nouveau candidat vaccin contre la peste, nommé VTnF1, a été construit en supprimant les gènes de trois facteurs de virulence essentiels de la souche IP32953, la première dont le génome était connu. De plus, l’opéron codant pour l’antigène pseudocapsule F1 de Y. pestis hautement immunogène a été inséré dans le chromosome pour induire la production de l’antigène F1 hautement protecteur, une signature de surface abondante du bacille de la peste qui provoque une réponse protectrice en anticorps. L’absence de pathogénicité de ce nouveau vaccin et sa capacité à induire une bonne réponse humorale et cellulaire contre Y. pestis ont été démontrées. Plus récemment, une souche sans cassettes de résistance aux antibiotiques a été reconstituée. Par voie orale, naturelle à Y. pseudotuberculosis, VTnF1 protège les souris à 100 % contre la peste pneumonique mortelle provoquée par 3000 fois la dose létale médiane (DLM) de Y. pestis. VTnF1 protège également à 100 % contre la peste bubonique, jusqu’à 10 000 DML. La pire menace de bioterrorisme utilisant la peste serait une attaque avec des aérosols infectieux, provoquant une peste pneumonique hautement contagieuse et rapidement mortelle. Un Y. pestis F1 négatif, en tant qu’arme bactériologique potentielle, serait alors indétectable par les tests courants et résistant à l’immunité F1. Chez la souris, notre vaccin VTnF1 confère une protection contre ce type d’infection. Ce projet au long cours bénéficie du soutien de la « Direction des Vaccins » de l’Institut Pasteur.
