L’approche génétique, fondée sur l’étude des formes héréditaires de surdité, a été particulièrement efficace au cours de ces dernières années pour révéler la physiologie moléculaire de la cochlée, l’organe sensoriel de l’audition. En revanche, cette approche a fourni peu d’informations sur le système auditif central, bien que les dysfonctionnements de celui-ci touchent 5 % des enfants et plus de 25 % des personnes âgées. Notre équipe a pour ambition d’identifier et de caractériser les formes génétiques de surdité qui entraînent des atteintes directes du cerveau, mais aussi d’étudier les conséquences indirectes de la surdité d’origine périphérique sur le cerveau.
Projet
Développement et physiologie moléculaire du cortex auditif en conditions normales et pathologiques
Dans la plupart des cas de surdité humaine d’origine génétique, l’atteinte de l’organe sensoriel de l’audition, la cochlée, rend pleinement compte du déficit auditif des patients. La pose d’un implant cochléaire stimulant directement le nerf auditif et permettant ainsi de s’affranchir de l’étape du traitement du son par la cochlée, restaure une audition satisfaisante dans la plupart des cas. Pourtant, dans certains cas, les patients conservent des difficultés anormales de compréhension du langage parlé. Les chercheurs de cette équipe ont récemment découvert que certaines formes héréditaires de surdité entraînent non seulement des atteintes de la cochlée, mais également du cortex auditif, région du cerveau assurant l’analyse de l’information auditive. En effet, deux protéines apparentées aux cadhérines, cdhr15 et cdhr23, essentielles au bon fonctionnement de la cochlée, sont également nécessaires pour la migration et la maturation de neurones du cerveau dits « inhibiteurs », et colonisant spécifiquement le cortex auditif. Ce projet vise à déchiffrer les mécanismes qui sous-tendent le développement et le fonctionnement de cette population de neurones inhibiteurs du cortex auditif. Le premier objectif sera de déterminer les mécanismes permettant l’expression de ces cadhérines à la fois dans la cochlée et dans le cerveau afin d’identifier quels autres gènes responsables de surdité cochléaire auraient également un rôle intrinsèque dans le cerveau. Puis, les chercheurs tenteront de déchiffrer les mécanismes par lesquels ces cadhérines sont impliquées dans le guidage des futurs neurones inhibiteurs spécifiquement vers le cortex auditif. Enfin, ils caractériseront les rôles de ces neurones inhibiteurs dans le traitement de l’information sonore. Les résultats de ce projet poseront les bases de l’exploration de possibles dysfonctionnements du cerveau auditif chez les patients porteurs de mutations dans les gènes codant pour ces deux cadhérines et permettront la mise au point de méthodes de réhabilitation auditive innovantes adaptées à ces atteintes du cortex auditif.