Daniel Fiole. Apports de la microscopie biphotonique intravitale pulmonaire à l'étude de la physiopathologie de la maladie du charbon. Université de Grenoble, 2013.
Bacillus anthracis, l’agent infectieux responsable de la maladie du charbon, est un agent pathogène majeur du risque biologique provoqué, notamment en raison de la sévérité de la forme respiratoire de la maladie. Celle-ci résulte de l’inhalation de spores dont les mécanismes de pénétration au niveau pulmonaire sont mal connus à l’heure actuelle. Cette thèse présente les apports des microscopies confocale et biphotonique à l’étude de ces mécanismes de pénétration des spores inhalées. Le modèle murin CX3CR1+/gfp, dont la sous-population CD11b+ de cellules dendritiques (DCs) exprime constitutivement la protéine de fluorescence verte (GFP), a été utilisé dans ces travaux. Une première partie présente le développement d’une méthode automatisée de discrimination des DCs parmi d’autres populations cellulaires exprimant le même fluorophore, en se basant sur le calcul d’un coefficient morphologique. Cette méthode a permis d’étudier dans un deuxième temps le comportement spécifique de la sous-population de DCs CD11b, après infection par des spores de B. anthracis. L’étude microscopique a été d’abord effectuée in situ, c’est-à-dire sur des explants pulmonaires maintenus dans des conditions favorables à la préservation de l’activité cellulaire, puis in vivo, sur des souris anesthésiées et ventilées. Le protocole d’imagerie tire profit d’une stratégie d’acquisition et de traitement a posteriori des données permettant de surmonter, sans contrainte mécanique appliquée à l’organe, les problèmes de focalisation liés aux mouvements thoraciques durant la ventilation de l’animal. Cette stratégie originale utilise un sur-échantillonnage de l’acquisition et profite du signal de seconde harmonique généré par le collagène comme référence spatiale ; elle a permis l’observation in vivo d’interactions entre DCs et macrophages au niveau pulmonaire. Ces interactions, de type synapse immunologique, sont favorisées par l’infection et présentent donc un rôle fonctionnel qui reste à définir. La formation de synapses immunologiques entre macrophages et DCs pourrait non seulement représenter un chaînon manquant à l’explication de la pénétration des spores de B. anthracis au niveau pulmonaire, mais pourrait aussi constituer un enjeu crucial dans la compréhension de la réponse immunitaire associée aux infections pulmonaires.