Ce 18 mai 2022 est le centenaire du décès d’Alphonse Laveran, prix Nobel de médecine et découvreur du protozoaire responsable du paludisme (ou malaria) qui a causé des centaines de millions de morts à travers le monde depuis l’aube de l’humanité. Peu de maladies ont marqué l’histoire et la vie des hommes aussi durablement que le paludisme. Affection parasitaire évoluant de façon saisonnière plus que par poussées épidémiques, elle doit son autre nom, la malaria, à l’italien mala’aria qui signifie « mauvais air ». Ce terme traduit la croyance selon laquelle les eaux dormantes des marais ont le pouvoir de corrompre l’air et de le rendre insalubre.
Dans l’Antiquité, le parasite responsable du paludisme (le Plasmodium) sévissait dans le Bassin méditerranéen. Hippocrate décrit des fièvres évoluant par périodes de 3 ou 4 jours (fièvres tierces ou quartes), un rythme qui correspond au cycle du parasite dans l’organisme. À la chute de l’Empire romain, l’abandon des terres aux alentours de Rome, la Campagna Romana, aggrava l’infestation paludique et favorisa la colonisation de l’Europe du Nord par le Plasmodium, qui gagna ensuite le Nouveau Monde avec le commerce triangulaire.
Le paludisme a sans doute connu son apogée en Europe entre le XVIIe et le XIXe siècle, époque à laquelle Alphonse Laveran découvre le parasite (voir ci-dessous). À partir du XXe siècle, le recul de la maladie en Europe est lié à un ensemble de facteurs parmi lesquels l’assèchement des marais, la transformation des techniques agricoles et l’accroissement du niveau de vie. Avec 1 ou 2 degrés de plus, le réchauffement climatique pourrait cependant faire vaciller le fragile statu quo dont nous avons bénéficié depuis.