Lien vers HAL – afssa-04168421
Saisine n°2020-SA-0039, Anses. 2023, 300 p
Les populations de tiques du genre Hyalomma sont considérées en augmentation sur une partie de leur aire de répartition, qui semble s’étendre en Europe depuis la fin du XXe siècle. La tique Hyalomma marginatum est présente en Corse depuis plusieurs décennies (Grech- Angelini et al. 2016). Hyalomma marginatum est considérée comme une espèce de tique invasive en France continentale, de récentes publications confirmant son installation sur le littoral méditerranéen (Vial et al. 2016; Stachurski et Vial 2018; Bahet al. 2022). D’autres espèces de Hyalomma sont également présentes en France, H. scupense en Corse (Grech-Angelini , 2016) et sur le continent (Vial et Stachurski, comm. pers.), et des données récentes montrent que H. lusitanicum serait également installée en France continentale (Stachurski, comm. pers.). Cette évolution est préoccupante, car ces tiques sont vectrices de nombreux agents pathogènes responsables de maladies pour l’être humain (notamment du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo – FHCC – ou de Rickettsies) et de maladies animales (notamment Babesia caballi responsable de la piroplasmose équine). Le virus de la FHCC (CCHFV) est responsable, chez l’être humain, de flambées de fièvre hémorragique sévère, dont le taux de létalité varie de 5 à près de 30 % (Spengler, Bergeron, et Spiropoulou 2019). Une séroprévalence du CCHFV de l’ordre de 10 % aurait récemment été mise en évidence chez les ruminants domestiques en Corse, sans qu’aucun cas humain n’ait encore été observé (Grech-Angelini et al. 2020). En 2016, deux cas autochtones de FHCC ont été confirmés à Madrid (Negredo et al. 2017), pour la première fois en Europe de l’Ouest. Une étude rétrospective, menée en 2020, a montré qu’un cas de FHCC était survenu dans la même province en 2013 (Negredo et al 2021). Depuis, des cas de FHCC, dont certains mortels, sont rapportés quasiment tous les ans en Espagne (2018, 2020, 2021, 2022). De plus, la circulation du virus est en recrudescence dans la région des Balkans et en Turquie. Aussi, l’Anses s’est autosaisie le 4 mars 2020 pour analyser les risques pour la santé humaine et animale liés aux tiques du genre Hyalomma en France.