BEH 29 / 13 juillet 2010:307-311
L’Institut de veille sanitaire et le Centre national de référence des Yersinia ont réalisé une enquête postale auprès d’un échantillon aléatoire de laboratoires d’analyse médicale (Lam) français. Les objectifs étaient de : déterminer le nombre de coprocultures avec recherche de Yersinia effectuées par ces Lam ; estimer la fréquence d’isolement des Yersinia dans ces coprocultures ; faire un inventaire des différentes méthodes d’isolement des Yersinia utilisées ; et déterminer le taux d’identification et de caractérisation des souches.
Sur les 953 Lam de ville et hospitaliers contactés, 483 (51%) ont participé à l’enquête. La grande majorité de ces laboratoires réalise une recherche des Yersinia dans les coprocultures, mais pas de façon systématique. Cette recherche a été effectuée sur seulement la moitié (53%) des 256 871 coprocultures pratiquées en 2003 et a permis l’isolement de Yersinia dans 333 cas (taux d’isolement de 0,25%). La méthode d’isolement à partir des selles la plus classiquement utilisée est adéquate. Elle repose sur l’utilisation du milieu CIN incubé à 28/30°C pendant 24 à 48 heures, parfois précédée d’un enrichissement. L’identification du genre et de l’espèce est effectuée le plus souvent à l’aide de la galerie d’identification API20E qui, sans autre test associé, ne permet pas un diagnostic d’espèce entièrement fiable. Une caractérisation plus approfondie des souches (biotype, sérotype) n’est que rarement pratiquée, alors qu’elle seule permet de différencier les souches pathogènes des non pathogènes. Les antibiogrammes sont effectués selon les procédures appropriées (milieu de Mueller-Hinton incubé à 37°C) et incluent les antibiotiques pouvant entrer dans le schéma thérapeutique d’une yersiniose. Au total, cette enquête montre que la recherche de Yersinia était loin d’être systématique au sein des Lam en 2003 et qu’il existait une grande disparité dans leur capacité à isoler une Yersinia. Le nombre d’infections à Yersinia est probablement fortement sous-estimé en France et, en l’absence de tests différenciant les souches pathogènes des non pathogènes, des traitements non justifiés sont probablement prescrits.