Dans notre unité, nous nous intéressons au pouvoir pathogène de la bactérie gastrique Helicobacter pylori en étudiant à la fois ses facteurs de virulence et sa relation avec l’hôte infecté. H. pylori colonise l’estomac de la moitié de la population humaine mondiale. L’infection par H. pylori est chronique et elle peut évoluer d’une gastrite vers des pathologies plus graves comme les ulcères gastro-duodénaux et le cancer gastrique qui est responsable de près de 700 000 décès chaque année dans le monde. H. pylori est actuellement la seule bactérie définie comme carcinogène de classe 1. H. pylori est l’unique microorganisme capable de coloniser de manière persistante l’estomac acide et ce pathogène constitue donc un excellent organisme modèle pour étudier les mécanismes d’adaptation à un environnement hostile.
Nos travaux visent à identifier et à caractériser les facteurs et les mécanismes permettant à H. pylori d’établir une colonisation persistante de l’estomac. Le nickel est un élément indispensable pour H. pylori car il est le co-facteur de l’uréase. Cette enzyme, facteur de virulence majeur chez H. pylori, est responsable de la résistance à l’acidité par son activité productrice d’ammoniac. Nous caractérisons des mécanismes originaux de transport de nickel (TonB-dépendant), de trafic de nickel (complexes protéiques et chaperones) et de régulation de son homéostasie par un régulateur transcriptionnel, NikR. La gestion intracellulaire de la quantité massive d’ammoniac produite par des complexes protéiques comprenant l’uréase est explorée par la technique du Tandem Affinity Purification (TAP) et l’activité cytotoxique de ces complexes est évaluée à l’aide de modèles cellulaires et animaux.
Nous nous intéressons également à la réponse de l’hôte à l’infection par H. pylori, à la génotoxicité associée et à ses conséquences en terme de cancérogenèse gastrique. Notre but est d’identifier les facteurs et les mécanismes responsables de l’induction d’instabilités génétiques et d’altérations épigénétiques au niveau des cellules gastriques au cours de l’infection par H. pylori. De tels événements jouent un rôle clé dans l’initiation du processus tumoral. Nos études visent aussi à caractériser des facteurs de l’hôte constituants de potentiels marqueurs de risque associés au développement de lésions cancéreuses, en focalisant particulièrement sur des régulateurs pléiotropes tels que des facteurs de transcription.